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VAL-D’OR, le 23 janvier 2020. Donald Nicholls, directeur de la Justice et des Services correctionnels du Gouvernement de la nation crie, est intervenu à la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs.

La Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs (la Commission) a été chargée d’établir un portrait de l’exploitation sexuelle des mineurs au Québec. Des représentants du public, des chercheurs, et des membres du gouvernement et des corps policiers ont été sollicités pour déposer des mémoires aux fins des « Consultations particulières et auditions publiques sur l’exploitation sexuelle des mineurs ». Grâce aux 51 mémoires déposés et aux auditions publiques qui ont suivi, la Commission a pu acquérir une meilleure compréhension de la situation actuelle, dans le but de dégager des mesures de lutte contre l’exploitation sexuelle, d’aider les jeunes victimes à s’en sortir et à les soutenir dans la reconstruction de leur vie.

Les auditions publiques se sont tenues en deux temps. Dans la première partie, les membres de la Commission ont abordé le problème de l’exploitation sexuelle des mineurs sous plusieurs angles. Ils ont notamment questionné les victimes au sujet du rôle du proxénète et du client-abuseur, du continuum de services dans la transition vers la vie adulte, de l’importance de la sensibilisation de tous au phénomène et de l’éducation à la sexualité pour les jeunes.

Au cours de la seconde partie des auditions publiques, les membres de la Commission ont rencontré des intervenants de terrain qui les ont entretenus de la réalité des communautés culturelles et autochtones. La Commission reconnaît que la dynamique de l’exploitation sexuelle des jeunes autochtones n’est pas suffisamment documentée et souvent mal comprise, et que les femmes autochtones sont surreprésentées parmi les victimes d’exploitation.

La Commission a invité le département de la Justice et des Services correctionnels (DJSC) du Gouvernement de la nation crie à traiter plus précisément de trois points : d’abord, comment créer des conditions propices à la dénonciation des proxénètes et des clients-abuseurs par les victimes; ensuite, comment mieux répondre aux besoins des victimes d’exploitation sexuelle au sein de la communauté crie d’Eeyou Isthchee; et enfin, comment favoriser la répression des abus commis par les clients.

Le directeur du Département, Donald Nicholls, a expliqué comment les trafiquants, les proxénètes et les clients-abuseurs exploitent les vulnérabilités des victimes. Les enfants et les jeunes autochtones tombent dans le piège de l’exploitation sexuelle et de la traite de personnes parce qu’ils se trouvent souvent dans des situations d’extrême vulnérabilité. M. Nicholls a souligné que les victimes ont des besoins immédiats de protection et de soins auxquels les fournisseurs de services, la communauté et les autorités compétentes doivent répondre adéquatement.

Donald Nicholls a également fait observer, durant sa présentation, que puisque les trafiquants, les proxénètes et les clients-abuseurs exploitent les vulnérabilités des victimes, il faut aider celles-ci à se prendre à charge et à réduire leurs vulnérabilités, pour ainsi être en mesure de changer la dynamique du pouvoir, de se manifester et de dénoncer les exploiteurs. L’éducation et la prise de conscience sont la clé de cette prise en charge.

À la fin de sa présentation, d’une durée de 20 minutes, le directeur du DJSC du Gouvernement de la nation crie a insisté sur le fait que la lutte contre l’exploitation sexuelle des jeunes exige un effort concerté de la part du gouvernement et de tous les intervenants.

Il a notamment recommandé ce qui suit :

  • que le gouvernement du Québec mette en œuvre les dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP);
  • que le gouvernement du Québec mette également en œuvre les recommandations et les appels à l’action de la Commission vérité et réconciliation du Canada, de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et de la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (Commission Viens).

M. Nicholls a indiqué que la mise en œuvre de l’UNDRIP et de ces recommandations et appels à action définira les conditions et les circonstances appropriées pour mieux répondre et, espérons-le, mettre fin à l’exploitation sexuelle des jeunes autochtones.

Pour résumer la position du DJSC telle que présentée par son président, Donald Nicholls, le gouvernement doit prendre les mesures appropriées pour mettre fin à la culture d’impunité et d’indifférence à l’égard des femmes et des filles autochtones impliquées dans l’industrie du sexe. Il doit œuvrer à tous les niveaux pour éliminer la peur et la méfiance qui empêchent les femmes et les filles autochtones qui vivent de la violence dans l’industrie du sexe de parler à la police.

Les entités et les organismes gouvernementaux impliqués dans les services de la police, de la justice, de l’éducation, de la santé et des services sociaux et dans les médias ne doivent pas détourner le regard. Ils doivent prendre des mesures pour mettre fin à l’exploitation sexuelle des jeunes et des enfants autochtones et pour protéger les plus vulnérables, et ce, dans le respect de leur culture.

Le mémoire déposé par M. Nicholls peut être consulté ici (en Anglais).